L’étude “Les Associations locales et leurs rôles dans la gestion des villes au Burkina Faso” de Dr. Jocelyne Vokouma s’inscrit dans le cadre du Programme pays urbain du Burkina Faso (PPUB), financé par la Fondation Bill et Melinda Gates et coordonné par le Laboratoire Citoyennetés avec le soutien technique de l’ONG Slum Dwellers International (SDI). Cette initiative vise à renforcer les capacités des municipalités en impliquant davantage les associations locales dans la gouvernance urbaine. L’étude a couvert cinq villes : Bobo-Dioulasso, Ouagadougou, Dédougou, Dori et Tenkodogo.
Le cadre juridique et institutionnel d’intervention des Associations locales
Cadre stratégique de mise en œuvre de la décentralisation
Le Cadre stratégique de mise en œuvre de la décentralisation (CSMOD) de 2006 définit plusieurs rôles pour les associations locales :
- Interpeller l’État et les collectivités territoriales sur leurs missions.
- Sensibiliser les citoyens sur leurs droits et devoirs.
- Contribuer au développement d’une culture de citoyenneté.
- Participer aux cadres de concertation pour le développement local et régional.
- Promouvoir la citoyenneté avec un accent particulier sur les femmes et les jeunes.
Code général des Collectivités territoriales décentralisées
Le Code général des Collectivités territoriales décentralisées aborde plusieurs aspects clés :
- L’article 11 garantit le droit des habitants à l’information sur la gestion des affaires locales.
- L’article 12 permet la création d’organes de concertation incluant des représentants des associations locales.
- L’article 163 stipule que les délibérations impliquant des membres intéressés sont annulables.
- L’article 245 organise la désignation des secrétaires et auxiliaires des conseils municipaux.
Guide de collaboration entre les Collectivités territoriales décentralisées et les organisations de la société civile
Ce guide, élaboré en 2013, clarifie les missions des associations :
- Appuyer les pouvoirs publics locaux en compétences et mobilisation.
- Assurer un contrôle citoyen de l’action publique.
- Servir d’interface entre les décideurs et les populations.
- Défendre les droits et intérêts des populations.
- Sensibiliser les populations à l’entretien des infrastructures locales.
- Contribuer à la régulation sociale et à la mobilisation des ressources pour le développement local.
Les problématiques liées au développement urbain
Dynamique démographique dans les cinq villes
Entre 1985 et 2006, la population de Ouagadougou a considérablement augmenté, passant de 441 514 à 1 475 839 habitants. Bobo-Dioulasso a également connu une croissance démographique, atteignant 489 967 habitants en 2006. Tenkodogo, Dédougou et Dori ont connu des dynamiques variées, avec des augmentations significatives de population.
Projet “Know Your City”
Le projet pilote “Know Your City”, en collaboration avec SDI, vise à établir des relations efficaces entre la ville et les habitants des zones informelles. Les principes du projet incluent la mobilisation communautaire, la mise en place de groupes d’épargne, la cartographie des besoins et des investissements, et la création d’une fédération nationale pour influencer les décideurs.
Processus de collecte de données pour un répertoire des associations locales
Objectifs de la collecte de données
Les objectifs principaux étaient de créer une base de données nationale et communale sur les associations locales intervenant dans le développement urbain et de renforcer les capacités des municipalités.
Méthodologie
La méthodologie comprenait :
- L’élaboration et la validation des outils de collecte de données.
- Le recrutement et la formation d’enquêteurs locaux.
- La réalisation de pré-tests sur des échantillons d’associations.
- La désignation de responsables locaux pour gérer les bases de données municipales.
Quelques exemples d’actions pertinentes
Association Bissakoupou
L’Association Bissakoupou a initié un projet de valorisation économique des ressources de la forêt de Sablogo, en collaboration avec des partenaires comme l’Union internationale de conservation de la nature (UICN) et Tree Aid. Les résultats incluent l’appui à 20 micro-entreprises, la création d’emplois et l’amélioration des capacités de production.
Association Wili ka Taama
Cette association vise à revaloriser le statut social et économique des femmes du Kénédougou par la régénération et la valorisation des produits forestiers non ligneux. Les résultats incluent la création de plantations d’espèces locales utilitaires et la génération de bénéfices économiques pour les femmes membres.
Association inter-villageois de Gestion des Ressources Naturelles et de la Faune de la Comoé-Léraba
Cette association gère la forêt classée de Comoé-Léraba et travaille à renforcer les capacités locales, conserver les ressources naturelles et reboiser les terres dégradées. Les projets incluent la gestion communautaire des territoires des éléphants et la mise en place de comités villageois.
Conclusion
Les associations locales jouent un rôle crucial dans le développement socioéconomique et culturel des villes au Burkina Faso. Cependant, elles ne se sont pas suffisamment engagées dans les problématiques de la croissance urbaine. Le Programme pays urbain du Burkina Faso a permis de sensibiliser les leaders locaux et les autorités nationales à cette question, tout en renforçant les capacités des associations locales. Les cadres de concertation périodiques organisés par le Laboratoire Citoyennetés continuent de soutenir et d’encourager les initiatives locales pour une gouvernance urbaine plus inclusive et efficace.